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Ngatu , tapa tongiens

DATE(S) : 30 mars 2020 - 15 avril 2020
HORAIRES : Pas d'horaires

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Mālō ‘etau lava !

Parmi les collections que nous avons la chance de conserver au Musée de Tahiti et des Iles – Te Fare Manaha, se trouvent des tapa (étoffes d’écorce battue) de différentes provenances.

Ngatu 88.08.06

Nous nous attarderons aujourd’hui sur ces deux pièces, n. 88.08.04 et n. 88.08.06, originaires de l’archipel des Tonga.

Ngatu 88.08.04

Si « tapa » est un terme devenu familier à vos oreilles et utilisé ici en Polynésie française, il englobe en réalité d’autres appellations régionales. C’est ainsi le cas du terme siapo aux Samoa, masi aux Fidji, et celui de ngatu que nous emploierons ici pour notre promenade tongienne. Aux Tonga, « tapa » renvoie lui aux bandes non-décorées situées de chaque côté des ngatu.[1]

Une de leurs particularités est leur taille : ils peuvent atteindre plusieurs dizaines de mètres de long, voire une centaine pour les plus prestigieux.

Les deux exemplaires photographiés ici sont réalisés avec l’écorce interne du hiapo, le mûrier à papier. Le procédé est le même que pour les tapa de nos archipels, si ce n’est que la décoration des ngatu est faite par des groupes de femmes, les koka’anga et le rôle social de ces réunions est crucial.

Les motifs – kupesi – qu’ils comportent sont dessinés à main levée ou réalisés par frottement de pigments sur une matrice dont ils tirent leur nom, insérée au-dessous de l’étoffe, en repassant ensuite à la main les reliefs qui en ressortent avec un pigment plus foncé.

Ces kupesi sont souvent inspirés de l’environnement naturel, ou encore associés à des personnes ou des événements particuliers. Les ngatu possèdent ainsi un aspect narratif et historique fort. Certains, par exemple, reprennent le motif de la comète Halley – fetu’u fuka, aperçue en 1910.

Les ngatu étaient, et sont toujours, principalement considérés comme des présents en continuelle circulation, offerts lors des katoanga ­– occasions comme les mariages, funérailles, ou autres festivités. Leur longueur était synonyme de richesse. Faisant partie des koloa, « trésors culturels » ou « richesses à transmettre », les ngatu incarnent également la relation particulière que les tongiens entretiennent avec les plantes utilisées, reflet de leur hokohoko ou lignage.[2]

Comme Adrienne Kaeppler le souligne dans sa publication réalisée avec le Tongan National Museum, From the stone age to the space age in 200 years: Tongan art and society on the eve of the millennium, les motifs des ngatu renvoient également à l’identité nationale tongienne en tant que monarchie indépendante, à la construction sociale du soi au sein de celle-ci, et la façon dont chacun se situe par rapport à ces identités multiples.[3]

Détaillons un peu les motifs visibles ici :

Les numéros figurant sur le côté du ngatu 88.08.06 (Fig. 3) renvoient à sa longueur, au nombre de sections, « morceaux » ou lalanga (chacune de 45 à 60 cm de long en général).

Détail 88.08.06

On reconnait également le tokelaufeletoakupesi dit originaire du village de Feletoa, à  Vava’u, en forme de deux triangles inversés (Fig. suivante).

Détail 88.08.04

Observez la colombe de la paix ou du Saint Esprit – lupe (Fig. 5 droite) ; la couronne Koe kalauni entourée d’une guirlande (Fig. 5 gauche) qui symbolisent respectivement le Royaume de Tonga et l’autorité des chefs avant l’instauration du royaume ou encore la dépendance royale à la Grâce divine.

détail 2 88.08.06

A quoi donc les trois points disposés en triangles vous font-ils penser?

détail 2 88.08.04

Aux « yeux » et à la « bouche » des noix de coco !

Enfin, les sabres (Fig. 7) symbolisent les trois dynasties royales de Tu’i Tonga, Tu’i Ha’atakalaua et Tu’i Kanokupolu dont descend la maison royale

Détail 88.08.06

Nous vous invitons à consulter cet article , offrant un superbe panorama sur la fabrication, l’usage et les déclinaisons des ngatu aux Tonga  ou encore, ce reportage de la chaine TheCoconetTV  et enfin, le site des collections en ligne du Musée National de Aotearoa-Nouvelle Zélande – Te Papa Tongarewa qui conserve de superbes ngatu. 

Références :

Kaeppler, Adrienne L. et Tongan National Museum. From the stone age to the space age in 200 years: Tongan art and society on the eve of the millennium. Nuku’alofoa, Tonga: Tongan National Museum, 1999.

Kooijman, Simon. Tapa in Polynesia. Honolulu: Bishop Museum Press, 1972.

Lythberg, J. “Mama `o `a folau : (far away, but only travelling) : contexts and performativity in the making, use and display of contemporary ngatu”. PhD dissertation, The University of Auckland, 2010.

Neich, Roger et Mick Pendergrast. Pacific Tapa. Auckland, New Zealand: David Bateman Ltd., 1997.

Tonga, Ane. “Uike Kātoanga’i ‘o e Lea Faka-Tonga: Tongan Language Week 2017.” Rotorua Museum. https://www.rotoruamuseum.co.nz/blog/2017/09/03/uike-katoangai-o-e-lea-faka-tonga-tongan-language-week-2017/. Consulté le 25 mars 2020

[1] Roger Neich, Mick Pendergrast, Pacific Tapa (Auckland, New Zealand: David Bateman Ltd., 1997), glossaire – pas de pagination.

[2] Billie J. Lythberg, “Mama `o `a folau : (far away, but only travelling) : contexts and performativity in the making, use and display of contemporary ngatu” (PhD Thesis, The University of Auckland, 2010),  22.

[3] Adrienne Kaeppler and Tongan National Museum, From the stone age to the space age in 200 years: Tongan art and society on the eve of the millennium (Tonga: Tongan National Museum, 1999), 35.

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